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Migrations en débat : éviter l’instrumentalisation

Tribune publiée le 22 décembre dans les colonnes du quotidien Ouest France et signée par Enrico Letta, Yves Pascouau, Sylvie Sarolea et Catherine Wihtol de Wenden membres du comité d’accompagnement de Migrations en questions

La question migratoire a quitté les gros titres des médias et s’est effacée des discours politiques. Elle est toujours abordée mais elle ne représente plus, comme il y a quelques semaines encore, une priorité.

Cette éclipse temporaire s’explique en partie par l’actualité des dernières semaines : commémorations de la guerre 14-18, Gilets jaunes, élections de mi-mandat aux États-Unis… Cette relégation a aussi été aidée par une actualité migratoire moins dramatique.

Cela est dû à la saison car les traversées de la Méditerranée sont moins fréquentes en hiver en raison des conditions difficiles de navigation. Cela est aussi dû aux actions mises en oeuvre depuis la « crise » de 2015 qui ont conduit à une réduction significative du nombre des arrivées sur le territoire européen. Mais le phénomène migratoire continue d’exister et de produire ses effets, notamment au niveau local.

C’est à ce niveau que la question s’est affichée ces derniers temps. Les présidents des départements de France, réunis récemment à Rennes, ont mis en avant les difficultés financières liées à l’accueil des mineurs étrangers non accompagnés.

Quelques jours auparavant, la ville de Bayonne découvrait qu’elle était devenue un axe de passage dans les trajectoires migratoires Sud-Nord. De nombreuses communes, jusque-là épargnées par le phénomène, font l’expérience de l’accueil des exilés.

Un débat limité

Le phénomène migratoire et ses effets s’invitent désormais dans les replis des territoires. Alors qu’ils étaient hier encore considérés comme des phénomènes localisés à Calais, Grande-Synthe ou Porte de la Chapelle, à Paris, ils apparaissent désormais comme une réalité pour de nombreux citoyennes et citoyens des villes moyennes et des territoires ruraux.

Si la question migratoire a toujours interrogé, voire intrigué, cette nouvelle situation accroît les questionnements. Seulement, les questions légitimes que se posent les citoyens trouvent trop rarement des réponses adaptées. Au fil des années, la question migratoire a été instrumentalisée, à tel point que le débat public tend à se réduire à deux options politiques aussi antagoniques qu’irréalistes : la politique du « tout fermé » et celle du « tout ouvert ».

Entre ces deux polarités, le débat est limité, voire inexistant. Or, c’est précisément là qu’il doit se situer, à l’endroit même où les citoyennes et les citoyens peuvent s’inscrire, entre une inclinaison à l’hospitalité et un besoin d’assurer l’ordre, de gérer les flux migratoires. Extraire le débat des polarités et le situer dans l’espace de la discussion est un enjeu de démocratie. Il l’est d’autant plus qu’une discussion sereine sur les migrations nous concerne intimement, car elle révèle notre rapport au monde.

Le projet Migrations en questions (www.migrationsenquestions.fr), porté par l’ONG European Migration Law et Res Publica, et soutenu notamment par l’Université de Nantes, contribue à la création de cet espace de discussions. Il offre une plateforme où les citoyennes et citoyens peuvent poser leurs questions et obtenir des réponses claires et objectives de la part de chercheurs et experts reconnus.

Mieux comprendre un phénomène complexe et se forger une meilleure opinion à travers un dialogue entre citoyens et scientifiques est l’ambition de Migrations en questions. »

Accéder à la tribune sur le site de Ouest France – Migrations en débat : éviter l’instrumentalisation

 

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