Dans les médias, les migrations africaines sont souvent présentées comme élevées et en hausse, principalement dirigées vers les pays riches, et dûes à la pauvreté. Le problème, c’est que, généralement, ces idées sont basées sur des présuppositions et des observations partielles, plutôt que sur des faits bien documentés.

Que nous disent les données à propos des migrations africaines ?

Les données des Nations-Unies sur les « stocks » de migrants montrent que le nombre de personnes nées en Afrique et vivant dans un autre pays est passé de 20 millions en 1990, à plus de 33 millions en 2015. On pourrait donc dire qu’il y a effectivement une augmentation des migrations en provenance des pays d’Afrique. Cependant, ces chiffres ne prennent pas en compte le fait que la population d’Afrique a aussi augmenté pendant cette période. Il est important d’en tenir compte, et donc plus approprié de s’intéresser à la proportion de migrants africains.

On constate alors que la migration en provenance du continent africain n’a pas augmenté, mais qu’elle est restée globalement stable entre 1990 et 2015.

Les données montrent que moins de 3 % de la population africaine est migrante. »

C’est encore moins que la moyenne mondiale (au niveau mondial, les migrants représentent 3,3% de la population).

En outre, ces taux d’émigration varient selon les régions d’origine des migrants africains.
C’est intéressant de voir que l’émigration est plus importante à partir des pays d’Afrique du Nord (qui sont plus développés), et plus faible à partir des pays d’Afrique subsaharienne (qui sont moins développés). »

Par exemple, en 2015, sur 100 personnes nées au Maroc, en Algérie et en Tunisie, plus de 6 vivent dans un autre pays. Par contre, sur 100 personnes nées en Afrique subsaharienne, moins de 3 ont quitté leur pays.

En fait, migrer requiert des moyens, et les individus des pays les plus pauvres ont de faibles chances de migrer. Quoi qu’il en soit, on n’assiste pas à un exode depuis l’Afrique.

On voit aussi que, quand ils migrent, la majorité des migrants d’Afrique subsaharienne restent dans leur région d’origine.

Comme je l’expliquais, migrer demande des ressources, et il est moins coûteux de migrer dans un pays de sa région plutôt que vers une destination plus lointaine. Ainsi, sur 10 migrants subsahariens, 7 n’ont pas quitté l’Afrique subsaharienne. Par contre, les migrants d’Afrique du Nord ont pour la très grande majorité quitté cette région.

En conclusion : non, on n’assiste donc pas à une augmentation des migrations africaines ; non, les migrants africains ne proviennent pas des pays les plus pauvres, et non, les pays riches ne sont pas les principaux pays de destination des migrants africains.