La question du coût de l’immigration revient de manière récurrente dans le débat public. Est-ce que l’immigration constitue une charge économique, ou fiscale, pour l’Etat d’accueil ? Ou au contraire, est-elle un apport économique pour cet Etat ? Jean-Christophe Dumont, chef de la division des migrations internationales de l’OCDE, apporte un éclairage bienvenu. Loin de céder à la simplification, il livre une analyse qui révèle la complexité de la question et invite à s’interroger sur la pertinence d’une approche uniquement articulée sur l’impact fiscal des migrations.

 

Si je prends dans le budget public la ligne immigration, asile, intégration c’est 1,4 milliards d’euros en 2018. Mais évidemment il ne faut pas faire le calcul comme ça. Il faut considérer la question dans sa globalité, c’est-à-dire en tenant compte, à la fois, de la contribution qu’apportent les immigrés à l’économie et à la fiscalité française, et puis aussi, à ce qu’ils reçoivent en prestations en services publics.

Donc, quand on fait ce calcul, on s’aperçoit que dans la plupart des pays de l’OCDE, les immigrés contribuent plus en impôts, en taxes et en cotisations sociales qu’ils ne reçoivent en prestations individuelles c’est-à-dire en allocation chômage, en aides sociales, en aides au logement ou même en retraites.

Dans le cas de la France finalement les deux variables s’équilibrent. C’est-à-dire que les immigrés apportent à peu près autant qu’ils reçoivent.

Mais évidemment il y a les autres dépenses publiques. Il faut tenir compte de l’éducation, de la santé. Il faut tenir compte évidemment des dépenses régaliennes – police, justice – et d’autres dépenses publiques.

Quand on fait ce calcul correctement, comme l’OCDE l’a fait en 2013, on s’aperçoit que la contribution devient négative à la fois pour les non-immigrés – les natifs – mais aussi évidemment pour les immigrés. C’est le résultat de budgets publics qui sont en déficit dans la plupart des pays de l’OCDE et en France depuis 1974.

Mais ce qu’il faut retenir finalement c’est que même si la contribution des immigrés au budget public est négative comme celle des natifs, finalement l’impact sur le budget public est petit. C’est environ ½ point de PIB dans le cas de la France.

Donc finalement, même s’il faut s’interroger sur la façon de maximiser les bénéfices et de réduire les coûts de l’immigration, la question fiscale ne définit pas la politique migratoire.