On peut avoir l’impression que les migrants africains qui sont en Europe ne retournent pas vivre dans leur pays d’origine, sauf si les autorités des pays de destination les forcent à retourner (en les expulsant) ou les y encouragent (avec des programmes d’aide au retour volontaire).
Alors, les migrants africains retournent-ils dans leur pays d’origine ?

Les données des enquêtes MAFE (Migrations entre l’Afrique et l’Europe) nous aident à répondre à cette question.

Premièrement, ces données montrent que, quand ils arrivent en Europe, de nombreux migrants ont l’intention de retourner. C’est par exemple le cas de la moitié des migrants sénégalais et congolais qui sont arrivés en Europe entre 1960 et 2009. Et, dans les faits, les retours ont été non négligeables.
Dix ans après leur arrivée en Europe, 20% des sénégalais et 40% des congolais ont effectué un retour de long terme (de plus d’un an).

Deuxièmement, les données révèlent que les migrants africains retournent surtout pour des raisons familiales et professionnelles, et pas parce qu’ils ont été forcés ou encouragés par les autorités des pays européens. Les migrants qui sont retournés suite à des problèmes de papiers sont peu nombreux. Seuls 11% des sénégalais et 3% des congolais sont retournés pour cette raison.

Donc, la réponse est : oui, les migrants africains retournent dans leur pays d’origine. Ils en prennent eux-mêmes l’initiative. Cependant, on note une tendance à la baisse des retours, ce que l’on peut expliquer par deux types de facteurs :

D’un côté, la dégradation du contexte économique et politique dans les pays d’Afrique explique que les migrants sont moins enclins à retourner. Ils retournent moins quand la situation dans leur pays d’origine est instable et quand les conditions de vie sont difficiles, parce qu’ils savent que cela affectera leur réinsertion. A ce niveau, la crise qui a eu lieu en République démocratique du Congo dans les années 1990 (et qui se prolonge aujourd’hui) a marqué un tournant au niveau des retours.
Avant 1990, les migrants congolais avaient confiance dans la situation de leur pays et ils retournaient s’y installer mais, par la suite, la situation est devenue difficile à tel point que de nombreux Congolais ont annulé leur projet de retour.

D’un autre côté, les politiques migratoires européennes ont aussi un effet sur les retours. Il faut savoir que, au fur et à mesure du temps, il est devenu de plus en plus difficile pour les Africains d’obtenir un visa et de migrer en Europe. Les migrants en ont conscience. Les retours sont devenus moins fréquents car les migrants savent que, s’ils retournent et qu’ils rencontrent des problèmes pour se réinsérer dans leur pays d’origine, il leur sera difficile de migrer à nouveau par la suite.
En fait, les barrières que les Etats européens mettent en place pour empêcher les migrants d’arriver sur leur territoire ont aussi comme effet d’empêcher les migrants qui sont déjà en Europe de retourner dans leur pays d’origine.